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Ann Veronica Janssens & Jean Glibert
01.07.18 > 21.10.18

ALBEDO

Ann Veronica Janssens & Jean Glibert

Albedo, l’exposition d’été que propose le MACS, est née de l’invitation faite aux artistes belges Ann Veronica Janssens et Jean Glibert de créer un dispositif permettant aux visiteurs de vivre une expérience d’ordre esthétique sans s’encombrer de la matérialité de l’objet d’art. Libérée des œuvres et des accessoires de monstration habituels, l’exposition est l’occasion pour les deux artistes de dialoguer librement avec l’architecture brute du musée et sa lumière naturelle, épinglant ainsi une des particularités du MACS : un espace imprégné par l’architecture que conçut Pierre Hebbelinck pour, entre autres, résister au geste architectural posé par Bruno Renard un siècle plus tôt en créant le site du Grand-Hornu.

Conçue en dialogue avec Denis Gielen, directeur du musée, l’exposition sera donc l’occasion de souligner la singularité de l’architecture, mais aussi, non sans une certaine malice, de la provoquer. Pour ce faire, Jean Glibert et Ann Veronica Janssens y insufflent leur savoir-faire en terme de lumière, de couleur et d’espace et laissent leurs gestes se répondre, se compléter, se refléter l’un l’autre à l’image de l’albedo, cette valeur correspondant au pouvoir réfléchissant de la matière.

 

Pour amorcer cette réflexion, l’on découvrira tout d’abord Glitter (conçue par Ann Veronica Janssens en 2015), un tas de paillettes de couleur directement dispersées au sol par un coup de pied de l’artiste, en interaction avec les deux aplats de vernis, réfléchissant, que Jean Glibert apposent à même le mur. Ces prémices d’une conversation entre peinture et sculpture, couleur et matière, architecture et mouvement, annoncent les deux grands « gestes » que posent, plus loin dans le parcours, les deux artistes. C’est l’immense forme colorée, « une grande latte de couleur », que Jean Glibert a d’abord introduite dans l’espace muséal et qui met en évidence certaines des spécificités du bâtiment, comme la prouesse technique d’avoir créé un plafond d’une portée de plus de 40 mètres de long. Avec sensibilité, cet artiste qui se présente comme un « peintre en bâtiment » nous apprend cependant à voir l’espace autrement, orientant notre regard dans ses plis curieux et ses recoins cachés, modifiant aussi notre perception par l’adjonction précise de la couleur. Invitation à la promenade, cette surface de couleur pure traverse l’espace sans s’inquiéter des murs qui les cloisonnent, prenant ainsi possession des lieux. Ensuite, en parallèle à cette proposition, ce sont les sept vélos aux enjoliveurs en aluminium gravé qu’Ann Veronica Janssens met à la disposition du public. En les empruntant, les spectateurs feront non seulement l’expérience de la matérialité de l’air et de la circulation de la lumière dans les disques gravés, mais aussi de la fresque colorée de Jean Glibert perçue à un autre rythme.

 

Par leurs œuvres qui, bien que proches par leurs qualités abstraites gardent néanmoins leurs spécificités, Ann Veronica Janssens et Jean Glibert réunissent ici les conditions idéales pour qu’une expérience sensorielle et/ou esthétique ait lieu, rendant peut-être le public plus alerte aux évènements du même ordre qui s’offrent à lui dans son environnement quotidien.

Revendiquant avec Albedo une forme de dématérialisation du principe d’exposition, le MACS rassemble deux artistes dont la pratique tend à questionner voire à pulvériser l’espace en l’investissant de leurs interventions pourtant minimums. Par là même, ils invitent le musée comme le public à s’affranchir, le temps d’un été, de l’objet matériel et tyrannique pour se consacrer pleinement à l’expérience intime, physique et esthétique d’un espace donné à travers la couleur et la lumière.

 

Commissaire d'exposition : Denis Gielen