Par le détournement, la contrefaçon et le contre-emploi, l’artiste se fait remarquer par un humour et un sens poétique qui interrogent avec virulence les implications sociales, politiques et économiques de l’objet quotidien et des signes ready-made que produit notre société de consommation. Héritière des farces dadaïstes à la Francis Picabia et des onomatopées pop à la Claes Oldenburg, sa démarche poétique et incisive procède d’un art de l’aphorisme visuel qui tient tête aux politiques intrusives de la communication contemporaine : publicité, clip vidéo, SMS, Facebook…
S’articulant dans les espaces du MACS, comme dans le catalogue coédité avec Triangle Books, en trois ‘sections’ (objet, peinture, cinéma), l’exposition débute par un ensemble dominé par le détournement de signes industriels que François Curlet pratique dès les années 1990 aux côtés d’autres artistes de sa génération, comme Franck Scurti avec lequel il exposera ses œuvres en 1993 au Centre Pompidou.
Proches des agrégats du chiffonnier que le penseur Walter Benjamin identifia, avec le flâneur des villes, à la modernité, ses œuvres archivent l’époque par la collecte et le recyclage de ses rebuts, comme la série des sprays sur cuivre, Frozen Feng Shui, réalisée depuis 2013 au pochoir à travers des chutes de découpes industrielles et assimilées dans son esprit à des « fantômes de la productivité ». Domestiques mais urbaines, chics mais pauvres, décoratives mais informes, ces peintures métalliques témoignent surtout du penchant de François Curlet pour l’oxymore, cette figure de style qui rapproche, comme le titre même de l’exposition, Crésus & Crusoé, deux termes contradictoires.