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The Miner’s Dream
20.09.25 > 10.05.26

Nedko Solakov. The Miner’s Dream

 

Artiste bulgare, Nedko Solakov entame sa carrière dans les années 1980, après des études en peinture murale à l’Académie des Beaux-Arts de Sofia, suivies en 1986, d’une formation à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers (HISK).
Il émerge dans un contexte sociopolitique tendu : la Bulgarie est alors sous l’influence du régime soviétique. Très tôt, il adopte une posture critique face à ce régime, une attitude qu’il maintiendra tout au long de sa carrière en abordant régulièrement des questions politiques et sociétales contemporaines.

L’écriture et la narration occupent une place centrale dans son travail. Par le biais du texte, Solakov insuffle à ses œuvres et installations un humour empreint d’ironie et d’autodérision.
Plasticien pluridisciplinaire, il explore la polysémie du langage et des idées, tout en jouant avec la multiplicité des supports et matériaux. Derrière cette plasticité faussement naïve se déploie une pratique complexe, à la fois engagée, poétique et ludique.

Avec A Cornered Solo Show, Nedko Solakov installe, depuis 2021, ses créations dans les recoins discrets des musées — des espaces de passage souvent négligés comme un hall, une cage d’escalier ou des vestiaires. Il y agence dessins, peintures, collages et textes manuscrits, s’amusant avec les murs et leurs angles afin de créer une forme d’exposition marginale qui engendre un dialogue complice entre son œuvre, le lieu et les visiteurs. Ses interventions abordent des sujets d’actualité — guerres, écologie, absurdités institutionnelles et crises muséales — avec un ton mêlant sarcasme et réflexions personnelles. En investissant ces « coins », il transforme la périphérie en espace introspectif et critique.

Pour ce sixième volet de la série,  The Miner’s Dream, Nedko Solakov s’est inspiré de l’histoire de l’ancien charbonnage du Grand-Hornu. 

A Cornered Solo Show #6 évoque le songe d’un mineur, son rêve contemplatif au sommet d’une montagne entouré de sa famille. Cette simple rêverie soutient sa force de travail et alimente son désir d’existence paisible, méditative. Ce personnage incarne à la fois le cycle sans fin du labeur et la dépendance vitale à cette tâche pour assurer la survie des siens. À l’image de Sisyphe, il s’éreinte sans relâche dans une besogne répétitive, dont l’issue semble toujours repoussée, dessinant une allégorie du travail comme nécessité, fardeau et moteur d’espoir.

Avant son intervention au MACS, cinq institutions ont déjà accueilli une installation de la série : le Musée d’art Moderne Grand-Duc Jean à Luxembourg (MUDAM), le Musée National des Arts du XXIème siècle à Rome (MAXXI), le Palais du Belvédère à Vienne, la Galerie nationale des Beaux-Arts à Sofia et le Musée Ludwig à Budapest. 

 

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Nedko Solakov est né en 1957 à Cherven Bryag, en Bulgarie. Il vit et travaille à Sofia.

Depuis les années 1990, le travail de cet artiste a été présenté à de nombreux événements artistiques prestigieux tels que la Biennale de Venise, de São Paulo ou, encore, à la documenta de Cassel. En 2007, lors de la 52e Biennale de Venise, il a notamment reçu le prix « Honourable Mention to an artist exhibited in the central international exhibition ». 

 

 

The Miner’s Dream

Par Nedko Solakov

 

Un mineur travaillait dur pour subvenir aux besoins de sa famille. Parfois, lorsqu’il descendait dans le puits, entassé avec ses collègues dans la cage de l’ascenseur, il s’endormait pour quelques secondes seulement. Et toujours, il faisait le même rêve : il se retrouvait soudain avec sa famille au sommet d’une très belle montagne, aussi haute que le puits le plus profond de sa mine et, bien sûr, bien plus haute que cette colline que l’on appelle

« la plus haute montagne de toute la Belgique », et qui ne culmine qu’à 694 mètres. Dans son rêve, cette montagne bien plus élevée était magnifique, transformée par les variations de lumière : montagne du matin, montagne de l’après-midi, montagne du coucher du soleil, montagne du crépuscule, montagne de la nuit éclairée par la Lune, puis à nouveau montagne de l’aube. Grâce à ce rêve, qui ne durait que quelques secondes, il trouvait la force de continuer – de travailler dur pour faire vivre sa famille – même s’il se sentait un peu seul, toujours coincé dans un coin de cette minuscule cage d’ascenseur, pressé par les corps de ses camarades. (Un jour, un peu naïvement, il leur a fait part de son rêve).

Si le commissaire d’exposition me donne carte blanche, je pourrai transposer cette histoire émouvante dans l’une des grandes salles d’exposition. Mais, pour le moment, il semble qu’elle restera ici, dans un coin.

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L’installation sera inaccessible du 03.11 au 12.12 en raison de la fermeture du musée pour le montage de ses nouvelles expositions.